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Flora Todesco1 , Maude Lemire-Comeau 2
1 WETRUF S.A.S., 54500 Vandoeuvre-Les-Nancy (France)
2 Truffes Québec Inc., Trois-Rivières, QC G9A 2E7, (Canada)
Des forêts à perte de vue, des chutes d’eau spectaculaires, des équipes de Hockey… voici ce que nous évoque le Québec. On le sait moins mais le Québec est aussi une terre de truffe ! L’aventure de la truffe au Québec débute dans les années 80, avec l’arrivée de Francesca Marzitelli, une femme d’origine Argentine, qui est la première à récolter la précieuse truffe du Québec, communément appelée truffe des Appalaches (Tuber canaliculatum).
Tuber canaliculatum fut en réalité découverte en 1910 dans l’état du Michigan aux États-Unis, et caractérisée en 1920 par la mycologiste Dr. Helen M. Gilkey. Cette espèce de truffe est notamment très proche génétiquement de Tuber macrosporum. Jérôme Quirion, microbiologiste, confirme en 2009 l’existence d’une dizaine de truffes indigènes québécoises, dont la truffe des Appalaches, un produit du terroir à fort potentiel commercial et gastronomique ; le célèbre chef américain James Beard a dailleurs eu la chance de mettre la main sur cette truffe en 1977 et l’a qualifié d’exquise. Jérôme se lance alors dans la Recherche et le Développement de plants truffiers adaptés au climat québécois. Il crée par la suite Arborinov, une pépinière dont l’expertise repose sur la mise au point de la production d’arbres mycorhizés avec la truffe des Appalaches et plusieurs arbres hôtes.
Du 18 au 20 avril 2024 se sont réunis plus de 70 trufficulteurs de Truffes Québec lors de la 3ème édition de leur Congrès annuel.
Cet évènement a permis la présence et la rencontre de différents experts, qui ont chacun pu prendre la parole sur leurs expériences respectives, l’objectif étant de parfaire les connaissances et d’échanger entre passionnés de la truffe !
Après un accueil chaleureux et des présentations conviviales, Flora Todesco a eu l’opportunité lors de la première conférence plénière de présenter certaines avancées de la recherche française, notamment sur la gestion de l’eau et de la température dans les truffières, dont quelques résultats du projet CulturTruf financé par FranceAgriMer auquel elle a prit part. Elle a aussi illustré comment la valorisation de ces innovations a conduit à créer l’entreprise WETRUF. Le sujet de la trufficulture française a suscité beaucoup d’intérêt et d’entousiasme chez les québecois présents, qui ont à coeur de bien faire, et pour ce faire, de s’inspirer des modèles existants, en Europe et partout dans le monde. Un même modèle étant rarement réplicable tel quel, surtout compte tenu des différences écologiques que nous imposent nos différentes espèces de truffes, ces échanges et partages sont essentiels pour tirer le meilleur parti de chaque expérience en vue de s’adapter à sa propre condition.
L’équipe de Truffes Québec, aujourd’hui composée de 6 membres, a ensuite pris la parole pour faire l’état des lieux technique et scientifique de leur activité à ce jour : recherches et développements en cours, promotion de la truffe des Appalaches, futur plan de commercialisation, services proposés pour l’entretien et la santé des truffières…
Des ateliers rotatifs par petits groupes avec chaque expert présent nous ont permis d’aller plus loin dans nos explications respectives et d’approfondir nos échanges avec les futurs producteurs de truffe des Appalaches : gestion de l’apport d’eau en truffière avec Flora Todesco de WETRUF ; la récolte des truffes forestières indigènes avec Véronique Cloutier de Druide Sylvestre ; initiation à la microscopie avec Isabelle Pouliot, Mycologue ; Education canine avec Christine Allaire de Cristallin’o Lagotto ; plan d’entretien des truffières et calendrier trufficole avec l’équipe Truffes Québec dont Sophie Devost et Jérôme Quirion.
Le deuxième jour du congrès était marqué par deux autres conférences plénières. La première portait sur une présentation du Verger Le Clan, par Maryse Bédard-allaire, propriétaire agriculture de cette exploitation, qui mutualise la culture de noisettes, safran et truffes ! Une intervention passionnante démontrant tout l’intérêt et le potentiel de l’agroforesterie, de la création de cette entreprise à l’entretien des co-cultures aujourd’hui. La seconde présentation du jour, par Philippe St-Jean, représentant de la société Agro-Québec, visait à entrevoir la future route commerciale de la truffe au Québec : catégorisation et canaux de distribution des futures truffes produites, identité culinaire, portée internationale, potentiel agrotouristique… autant de sujets à décortiquer pour être prêt à faire rayonner la truffe des Appalaches.
Le congrès s’est ensuite terminé sur une note décontractée : tombola, photos de groupes, mais aussi petite marché de truffes fraîches à base de Tuber aestivum et Tuber borchii tout droit arrivées d’Italie.
Quelques jours supplémentaires s’en sont suivis dans le but de visiter les installations de Truffes Québec dont des truffières de Truffe des Appalaches, mais aussi de Tuber aestivum var uncinatum, et Tuber borchii. Les principales essences mycorhizées à la truffe des Appalaches étant le chêne rouge, le chêne à gros fruits, le noisetier d’amérique, l’épinette et le pin blanc, plantées à une densité moyenne de 4m x 2m, sur des sols calcaire, à texture plutôt équilibrée pouvant être plus ou moins argileux.
Bien que la récolte de truffes des Appalaches en plantation chez les nouveaux producteurs ne soit pas encore d’actualité, Truffes Québec possède une truffière expérimentale plantée en 2011 qui produit de la truffe depuis quelques années déjà. En outre, Truffes Québec oeuvre au bon suivi des plantations et prépare même d’ores et déjà la future commercialisation et valorisation du produit.
De l’analyse du potentiel truffier aux conseils techniques, en passant par la vente des plants et l’installation de la truffière, Truffes Québec propose aujourd’hui un service clé-en-main.
Avec un début de production estimé aujourd’hui à 7-8 ans, les producteurs de Truffes Québec sont emplis d’enthousiasme et fièrement engagés à bâtir une trufficulture durable et de qualité, pour assurer un héritage précieux à leurs générations futures, et faire rayonner le potentiel agro- touristique de leur magnifique pays ! Étant donné les liens linguistiques et culturels qui unissent nos deux pays, la filière trufficole française a tout intérêt à les accompagner dans cette aventure.
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